Ma plus belle soirée d'Astronomie... Avec Bolide !

Hello  ,

Cela faisait bien longtemps que nous n’avions pas observé hors de l’agglomération Lyonnaise. Certes, la semaine dernière, j’étais en montagne ; mais coincé entre les éclairages  des (superbes  !) chapelles baroques des Contamines et de Notre Dame de la Gorge d’une part, et les flans des montagnes d’autre part, je n’avais guère que le zénith à observer. Même M42 n’était pas assez haute… Forcément, ça frustre  !

Alors quelques jours de vacances en rabe, un ciel clair et une très jeune Lune, ça faisait 3 raisons de sortir nos Dobson. De plus Jean-Michel vient de peaufiner son 220mm en l’équipant d’un bafflage et d’une chaussette qui devrait lui faire gagner en contraste, ainsi que d’une… Surprise  !

C’est donc plein d’enthousiasme que nous décollons mardi soir ; nous avons opté pour le Col de Portes, comme cet été. Un ciel d’assez bonne qualité à moins d’une heure, c’est parfait. Même si on ne travaille pas demain, il faudra bien rentrer se coucher, alors mieux vaut rester raisonnable.

Tout le long de la route, la Lune nous fait des clins d’œil. Elle est toute belle, toute fine, un peu orangée  . C’est comme cela que je la préfère, à la fois superbe et… pas trop envahissante ! Seulement voila, elle descend inexorablement, aura-t-on le temps d’arriver à destination avant qu’elle ne se couche ?

Petit passage au pied de la centrale nucléaire… impressionnant, on est vraiment tout petit ! En 35mn nous sommes à St Sorlin et nous amorçons la montée (raide !) vers le Col de Portes. Nous dépassons rapidement le Col de Fay. La plaine du Rhône est toujours aussi belle vue d’ici. Belle et effrayante  ! Toutes ces lumières pourtant lointaines semblent éclairer jusqu’ici. Ne nous gêneront-elles pas une fois là haut ?

Nous arrivons au Col de Portes, 1000m. La Lune est toujours là. Mais en descendant de l’autre côté du col pour rejoindre notre petit bout de route, vers Ordonnaz, nous la perdons de vue, cachée par les arbres. Finalement, à l’arrivée sur le site, seuls quelques fragments d’une Lune rougeâtre sont encore discernables au travers des bans de brume qui bordent l’horizon du côté de Lyon. Dommage, ça aurait fait une belle photo  !

A l’arrivée, Jean-Michel me dévoile son Dobson « endimanché ». Non seulement, il est maintenant gainé de noir, mais de surcroît, il arbore désormais fièrement la marque symbolique qui sied à son surnom : BATMAN ! Il sera facile à reconnaître au RAP  !

Sitôt installés, nous nous jetons avidement sur Orion. On sait qu’elle ne monte pas bien haut, à peine 40°, et elle est déjà entrain de redescendre ; il y a urgence ! Nous ne sommes pas déçu. On voit pléthore de détails. Les ailes du « volatile » me semblent plus grandes qu’à l’accoutumée. Ici des espèces de flammèches, là une bordure finement ciselée… C’est certain, je ne l’ai pas vue aussi belle depuis l’année dernière  . Et encore, qui sait si le temps, comme souvent, n’a pas enjolivé mon souvenir ? Par contre, toujours pas de couleurs, désolé, mon œil n’y parvient pas encore. Même avec Batman qui pourtant devance Basile pour cette cible, j’ai beau chercher le fameux vert décrit par d'autres… Nenni !

Nous nous attardons longuement sur cette merveilleuse nébuleuse. Combien de temps peut-on ainsi s’émerveiller de la vue d’un même objet sans se lasser ? En tout cas, pour l’instant, la magie opère toujours ! Je profite d’être sur Orion pour essayer de deviner « l’homme qui court » dans M43 et pour présenter à Jean-Michel M78 qu’il ne connaissait pas encore. Enfin, comme à chaque fois, je me concentre sur NGC 2024 (la Flamme). Elle est si facile à voir (même en vision directe) que je me risque à essayer de repérer la « tête de cheval ». Je sais qu’en principe, elle n’est pas visible avec un 150mm, mais c’est comme pour la NGC7000, je me dis qu’un jour peut-être avec des conditions optimales  … Pas cette fois ! Même avec le 220mm. D’ailleurs curieusement, j’ai eu la vague impression que la flamme était plus évidente dans mon modeste 150 ; le ciel autour étant plus sombre… Mais suis-je objectif ?

Ensuite, nous nous sommes promenés chacun de notre côté à travers le ciel qui décidément était d’excellente qualité. Passage obligé par M44, M45, le double amas, E.T., M81, M82 et la petite voisine (NGC2976 ?), une nouvelle ! M101 était facile mais sans les bras ( ?), à peine y devinait-on des irrégularités. De même j’ai cherché en vain les bras de M51 ; mais s’il était évident que la masse claire présentait des nuances entre ses 2 noyaux, impossible de dire dans quel sens les bras étaient sensés tourner ! Toujours sur la Grande Ourse, j’ai observé M97 (avec la foi, il est possible qu’on y voyait ses 2 yeux !) et j’ai découvert M108 et M109 près de laquelle on voyait un autre objet non identifier.

J’ai ensuite cherché la triplette du Lion (M65, M66 et NGC3628) que je n’avais pas pointée depuis l’année dernière avec Cédric. J’ai été heureux de constater que la plus faible des trois était très facilement observable en direct, bien plus lumineuse que l’année dernière. Serait-ce mon nouveau miroir secondaire (malgré ses quelques stigmates de colle à Aquarium  ) ?

Et puis bien sûr nous nous sommes régalés avec Saturne serrée de près par ses quatre plus beaux satellites. La turbulence était faible. Particulièrement belle avec le 220mm et jusqu’à 240x, elle semblait dessinée sur le fond noir, avec une division de Cassini fine, précise et un début d’ombre de la planète sur ses anneaux  …

C’est alors que le clou de la soirée nous fut offert. J’eu la chance de le voir dans son intégralité, tandis que Jean-Michel n’en vit que la fin, alerté par mes jurons ! Ce qui commença comme une grosse étoile filante, se mit à grossir au point de dépassé largement la luminosité de Vénus  . Elle traversa sans se presser un bonne dizaine de degrés, c’était vers la queue du Lion je crois, avant de changer de couleur (du jaune, il me semble qu’elle passa au vert mêlé de bleu) et d’enfler encore. Puis il y eu des espèces d’étincelle de part en part, un peu comme un feu d’artifice mouillé, et la boule incandescente disparue après avoir traverser 20 à 30° en 3 à 4 sec… Elle laissa derrière elle une lueur rémanente pendant encore quelques secondes. J’étais « baba » ! J’avais vu un bolide plus extraordinaire encore car visible de jour, l’année dernière au dessus de Chamonix. J’en avais parlé sur les Forums et c’est là que l’on m’apprit ce qu’était un bolide. Mais je n’avais pas vu la trajectoire en entier, car c’est ma fille qui m’a alerté en le voyant, et la fin du phénomène me fut cachée par le Mont Blanc. Tandis que là, j’ai eu tout le temps de l’admirer, jamais je ne l’oublierai  !

Après avoir repris nos esprits, nous nous sommes aperçus que des constellations non identifiées commençaient à apparaître. Après renseignement auprès d’Astromist, nous fumes bien heureux de découvrir qu’Hercule pointait son nez… et surtout son amas ! Le premier M13 de l’année ça compte !

Puis ce fut au tour de la Vierge et de Bérénice de nous dévoiler leur beauté cachée (qu’est-ce que c’est sensuel l’Astronomie  !). Certes M104 était encore un peu basse pour qu’on y voie sa bande sombre, mais ça fait toujours plaisir. Ensuite, j’ai redécouvert M3 et découvert M53 et M64 (l’œil était presque discernable). J’ai fini par une balade au hasard autour de Gamma Bérénice, au télescope et à la jumelle. On y voyait à l’oeil nu, une profusion d’étoile. En grossissant, je ne savais plus trop si j’y voyais des étoiles ou des galaxies. Mais je commençais à être un peu fatigué, les étoiles s’empâtaient peut-être exagérément  !

Nous sommes rentrés vers 3h du matin. Inutile de préciser que j’ai bigrement bien dormi, la tête encore pleine de toutes ces merveilles. Il me faudra quelques semaines pour me remettre d’une sortie aussi réussie. Nous étions comblés, à la fois heureux de ce que le ciel nous avait offert et de ce que nos petits Dobson nous avaient permis de recevoir  …

A quand la prochaine ?

PS : Les photos sont de Jean-Michel.

Eric